09 February 2016

Nouveau…toujours meilleur?


(An English version of this article is published on PositiveLite.com)

Chaque fois que je vois les gens s’exprimer en superlatifs, je sais que ce que je vais lire va être bourré de simplification excessive et d’enthousiasme mal placée. Parfois la phrase me mène de mes lectures sur Facebook vers une liste sans fin qui est presque sans exception décevante plutôt que révolutionnaire, et même pas divertissante. Quand ça arrive dans le domaine du VIH, cette préférence pour tout ce qui est nouveau en rejetant tout ce qui est venu avant n’est pas très utile.

Soyons clairs que je suis aussi enthousiaste que tout le monde pour la PPrE (PrEP pour les anglophiles) et pour la preuve qu’une charge virale indétectable élimine pour toute fin pratique la transmission du VIH. En fait, je pense qu’il s’agit des meilleures nouvelles depuis l’arrivée des traitements efficaces dans les années 1990. Ce n’est pas, par contre, une raison de tasser toutes les autres stratégies et tous les autres outils pour tout le monde tout le temps.

La première chose qui m’a provoqué à cet égard semblait commencer assez doucement il y a quelques mois. J’ai assisté une pièce de théâtre écrite par un groupe d’étudiants sur l’histoire d’un organisme VIH après une série d’entrevues de personnes qui y étaient impliquées. Les thèmes étaient très familiers — l’horreur des années 1980, l’espoir de l’arrivée des traitements, l’importance à ce jour d’un environnement accueillant et le soutien des pairs — mais la suite m’a bouleversé. Une des personnages sur scène a traité la stratégie condom comme étant « une vieille approche basée sur la peur ». Quoi?

Je réaffirme mon ouverture d’esprit pour la PPrE et sa place parmi nos multiples stratégies et outils, mais n’oublions pas l’aspect multiple : la PPrE s’ajoute à notre boîte à outils, elle ne prend pas la place de toutes les autres approches. Je comprends aussi que pour plusieurs le condom n’a jamais été une stratégie très aimée, même quand la seule autre option était l’abstinence, mais peur? Vraiment? Comment expliquer les nombreux hommes gais et bisexuels qui déploient la stratégie condom, souvent dans leurs vies sexuelles autant prolifiques que joyeuses, et qui demeurent séronégatifs après toutes ces années? Notons que ces hommes ne semblent pas très craintifs non plus.

Mais mon colère et ses causes n’arrêtent pas là. Non, une autre histoire incroyable m’attendait sur le site anglophone de Radio-Canada, où on parlait de l’éclosion du VIH dans le sud rural de l’état d’Indiana. Ils sont aux prises avec un grand nombre de nouveau cas de VIH reliés à l’utilisation de drogues par injection et la solution de leurs autorités de santé publique étaient de faire venir les gens du Centre d’Excellence sur le VIH/sida de la Colombie-Britannique pour les conseiller sur comment partir un programme de traitement comme prévention afin de réduire les taux de transmission.

Pour mieux comprendre une réaction négative de ma part face à cette nouvelle, il faut savoir que ce même état a interdit l’échange de seringues et que repenser cette mauvaise décision de manière globale et durable ne figurait pas dans leur réponse à leur crise de VIH. Il ne figurait pas dans le reportage du CBC non plus! Indiana a remis temporairement quelques services d’échange de seringues, mais ils ont mis tous leurs œufs dans le panier des traitements comme prévention.

Blâmons pas les gens de la Colombie-Britannique — leur stratégie a toujours été assez compréhensive et mes objections à l’approche de traiter précocement ont évaporés devant la preuve des bénéfices d’un traitement plus tôt pour la personne traitée. Non, le cible de ma colère doit être les responsables d’Indiana et leurs maîtres politiques qui ont découvert le traitement comme prévention et ne voient rien d’autre.

Bref, ces nouvelles approches ne sont pas tout ce qu’il y a. Elles sont, par contre, des magnifiques ajouts à ce qui fonctionnait déjà.