02 August 2008

Friday en français : une sortie bien attendue

Ça fait maintenant quelques semaines depuis que j'ai reçu les nouvelles : après vingt-trois ans ensembles, ma petite sœur et son amie se sont mariées et elles ont enfin annoncé leur relation à mes parents.


Ma famille a grandie et j'en suis heureux

Le mariage a eu lieu dans un petit village où elles demeuraient pendant plusieurs années et sans la participation des membres de la famille, sauf, bien sûr, des membres de leur famille choisie (des amis de longue date avec qui elles restent toujours en contact).

Revenons un peu sur l'histoire de ma famille. Après plusieurs tentatives en personne, j'ai fait ma sortie par lettre en 1981 à l'âge de 21 ans. Je craignais la réponse de mes parents car j'avais entendu des histoires d'horreur de la part de mon entourage et je n'avais aucun indice de la réponse qu'auraient pu avoir mes parents. Tous les deux élevés dans une petite ville en Colombie-britannique, mes parents n'avaient pas abordé le sujet dans ma présence. À la fin, je n'avais rien à craindre : ils m'ont téléphoné le jour où ils on reçu ma lettre pour me dire qu'ils m'aimaient et que rien ne mettait en question leur amour de leur fils. Quelques mois plus tard, ma mère m'avait même dit qu'elle regrettait les occasions à travers les années où elle avait sûrement du m'offenser par des paroles insensibles (pas à ma connaissance).

Il faut souligner cependant que j'ai vécu des années très difficiles avant cette lettre en 1981, mais que la réaction des mes parents a eu un effet très positif pour moi. Sachant que je pouvais compter sur eux, je n'avais aucune hésitation seize ans plus tard, lors de mon diagnostic du VIH-sida, à chercher leur soutien. Ils l'ont offert, comme toujours, sans réserve.

C'est pourquoi donc que ma sœur a du vivre les mêmes difficultés (ou bien des semblables) que j'ai vécu? J'aurais pensé que j'avais posé la geste difficile, de dévoiler ma sexualité dans l'ignorance de la réponse que je pouvais attendre. Elle aurait pu suivre assez facilement, non? Mais non, c'est un sentier que chaque homme gai et chaque femme lesbienne doit faire pour soi-même. Un grand défaut de notre société, selon moi, et un défaut qui mène à des dépressions, des suicides et des comportements destructeurs qui pourraient être si facilement évités.

Elle a commencé avec moi, son frère gai avoué, tout comme moi j'avais commencé avec la sœur qui était étudiante universitaire : des expériences qui devraient offrir la possibilité d'une ouverture d'esprit non pas garantie par une vie dans notre village, à l'abri des changements sociaux de l'époque. Par la suite, c'était mes deux autres sœurs qui m'ont posé la question à plusieurs reprises — « est-elle…? » Je leur ai dit de poser cette question à elle, « …mais vraiment, posez-la! »
Peu à peu nous sommes arrivés au stade où tous les enfants de la famille savaient, mais que personne n'était capable de deviner ce que mes parents savaient. C'est vrai que depuis vingt-trois ans mes parents accueillent son amie (maintenant sa femme!) comme leur belle-fille, et souvent mieux que leur autre belle-fille (mais ça c'est un autre histoire). Mais de temps en temps, mon père ou ma mère laissait échapper un commentaire qui nous faisait dire entre nous « Ils ne savent pas! Comment ça? » D'où la réticence de ma sœur et de ma nouvelle belle-soeur de faire leur sortie plus tôt.

S'il y a en tout ça une lueur d'espoir, c'est la normalisation du mariage entre personnes de même sexe qui s'installe à travers le pays. Un peu partout, dans des petits villages tout comme dans les grandes villes, il y a des familles qui se rassemblent pour participer à ces mariages comme observateurs, comme participants et ça devient du quotidien. Ce sont des événements familiaux et non pas des manifestations politiques, et ça, c'est l'évolution qui doit se répéter dans tous les aspects de la vie d'une personne gaie ou lesbienne avant que nous soyons vraiment égaux.


Dans le cas de ma sœur, je regrette qu'elle n'ait pas eu la présence de sa famille lors de son mariage, mais je suis content de pouvoir dire avec certitude que les secrets sont maintenant finis et qu'elle peut compter sur l'entier appui de sa famille. Si seulement on pouvait dire la même chose pour tout le monde.

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