Il est mercredi, le 23 avril 2014 et j'arrive à Montpellier après un longue déplacement de Montréal, n'ayant pas dormi durant le vol à Paris. Je me permets de prendre un taxi de l'aéroport jusqu'à l'hôtel où je vais rester les prochains jours pour une réunion de la Coalition PLUS menant à la conférence AFRAVIH, le 7e conférence internationale francophone sur le VIH et les hépatites virales.
J'échange des plaisanteries avec le chauffeur de taxi, type « Vous venez d'où ? » « Je viens de l'hiver » (pas drôle : nous avons eu un peu de neige à Montréal la semaine passée!) Après plusieurs échanges, il me demande enfin ce que je fais comme travail et je sais que le moment est arrivé, le moment où j'enlève mon chapeau de passager dans un taxi pour le remplacer par le chapeau d'éducateur.
Pour les personnes vivant avec le VIH et pour les gens qui travaillent dans le domaine du VIH, ce rôle s'impose partout et toujours. Si le VIH n'a pas touché la vie de la personne rencontrée, elle va avoir beaucoup de questions et d'images de l'épidémie qui ne correspondent pas nécessairement à la réalité d'aujourd'hui. Si on s'identifie comme personne vivant avec le VIH, on peut y ajouter un peu de peur et enlever un peu de courage à poser des questions. Dommage. Personne ne devrait retenir sa curiosité ni sa capacité d'informer les autres par ses connaissances et son vécu.
Dans mon cas, le chauffeur a commencé par une affirmation que le VIH (le sida, selon sa terminologie) est toujours présent, mais que le public semble l'avoir oublié. Porte ouverte, je plonge dans mes propres opinions sur le niveau de conscientisation du public dans les pays développés, en passant par l'information sur les avancés par rapport au traitements et comment que le VIH se vit avec un suivi médical approprié. J'espère avoir partagé de l'information qu'il va retenir et que cette information change au moins légèrement sa perspective sur le VIH en 2014.
J'aime ce rôle ainsi que ma capacité de choisir mon identité dans l'échange. Mon travail ouvre la porte, mais je peux également aller plus loin en m'identifiant comme personne vivant avec le VIH si je pense que ça va contribuer à l'expérience d'apprentissage de la personne que je rencontre. J'ai eu ces échanges en personne et même via les applications de rencontres. Oser s'identifier, que ce soit par profession ou par statut sérologique, est le meilleur premier pas vers la conscientisation du public aux réalités du VIH aujourd'hui.
Je soupçonne que des rencontres telles la mienne avec mon chauffeur de taxi vont être nombreuses au cours de la semaine à venir. C'est la meilleure raison de faire déplacer des conférences un peu partout dans le monde : il y a toujours en marge de la conférence et des réunions connexes une certaine éducation et conscientisation qui aura lieu. Une bonne occasion pour faire apparaître une campagne publicitaire à l'intention de la population (comme à Washington lors de la conférence mondiale) et des rencontres plus informelles qui permettent aux participants dans les conférences de contribuer à un discours public qui n'est pas toujours nourri par les données les plus récentes.
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